dorme ? Ah ! ma chère Agathe, que ta main est
divine ! tout devient parfait sous tes doigts. Quel
art ou plutôt quel magie emploies-tu pour épurer
le plaisir, et pour élever l’âme jusqu’au troisième
ciel ? Lorsque sœur Marianne fut devenue tranquille,
et qu’elle eut recouvré l’usage de ses sens,
je la félicitai sur son heureux naturel, et je ne
manquai pas de lui faire observer qu’elle était
en reste avec moi, et qu’il fallait au moins que
je tirasse mon épingle du jeu. Auſſi-tôt sa main
lâronesse ne poursuivit sa découverte, que pour
contribuer à mes plaisirs. Oui, me dit-elle ingénûment,
ton temple de l’amour a trop d’appas,
pour ne pas lui rendre des hommages. Plus je
l’examine, plus je le trouve digne du sacrifice.
Approche, ma chère Agathe. Il ne sera pas dit
que tu auras été spectatrice bénévole de mes jouissances.
Mais, dieux ! quelle énorme toison ! c’est
une épaisse forêt… ma main s’y perd.
Fais-je bien, ma chère Agathe ? sens-tu déjà quelque émotion ? mes doigts, ces doigts libertins, te payent-ils d’un tendre retour ? Parle, ré-