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tôt nous nous appareillons, pour commencer notre joute. La main officieuse de Marianne se place avec nonchalance sur ma crinière velue ; elle essaie de me transporter violemment par l’ardeur du plaisir. Non moins officieuse que la sienne, la mienne ne se refuse point à l’agréable badinage qui doit la conduite au faîte de la volupté.

Mais, ma chère Christine que je trouvai Marianne susceptible ce jour-là ! Son jeune pucelage n’était qu’une fleur à peine éclose ; on eût imaginé sans peine que la rose était encore dans son bouton. À peine eut-elle éprouvé le plus léger chatouillement, qu’un délire enchanteur l’anime et la transporte. Revenue de cette première jouissance, elle perd tout-à-coup la parole ; et sa voix expirant sur ses lèvres, je la crus anéantie.

Marianne, ma chère Marianne, m’écriai-je pendant quelques minutes, où es-tu ? que fais-tu ? comment te trouves-tu ? Eh quoi ! tu sommeilles ?

Oui, je sommeille, me dit alors la friponne en souriant. Es-tu fâchée que le plaisir m’en-