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ces ressources, tous ces rafinemens ne présentent rien, en comparaison de l’hallebarde masculine ; ils n’en sont qu’une ombre très-faible.

Ici sœur Marianne m’arrêta pour me prier de lui dire ce que j’entendais par une hallebarde masculine. J’avais encore l’imagination pleine du trait vigoureux de mon abbé, et je n’eus pas besoin de penser creux pour répondre.

Je lui dis de se figurer une lance qu’un amant tient toujours en arrêt lorsqu’il veut percer sa maîtresse. J’ajoutai, par interim, qu’il y en avait de courtes, de longues, de grosses, de moyennes, et qu’elles étaient ordinairement proportionnées, soit pour la longueur, soit pour la grosseur, à l’arbre sur lequel elles étaient entées.

Enfin, je conclus par l’assurer que quoique toutes les lances fussent des instrumens aigus, celles dont je voulais parler ne piquaient agréablement que lorsqu’elles faisaient brèche.

Satisfaite de ma définition, elle me saute au cou, me serre étroitement, et me renverse sur le