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Prenons pour exemple un Arouet de Voltaire, un Jean-Jacques Rousseau. On accuse ces deux flambeaux de la philosophie, de blasphême et d’athéisme. Pourquoi ? Parce qu’il s’expriment l’un et l’autre par la bouche de la vérité ; parce qu’ils ne croient pas plus au mahométisme qu’au catholicisme, et que la religion n’est, selon leur systême, qu’une opinion philosophique. Enfin, parce que les Juifs, les Guebres, les Arabes, les Lapons, sont des hommes comme eux, et qu’en cette qualité ils ont droit à leur estime et à leur bienveillance.

Ô, ma patrie ! ne rougiras-tu jamais des excès honteux où te plongent le fanatisme et la superstition ! Jusqu’à quand souffriras-tu qu’on substitue le masque de l’hypocrisie à celui de la vertu, et qu’on couvre les plus grands crimes du manteau sacré de la religion ?

Je vous le demande, ma sœur, est-on en droit de persécuter les hommes, parce qu’ils n’auront pas la même croyance, et qu’ils ne penseront pas comme le clergé ?

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