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freuse solitude, et c’est m’acquitter envers vous, que de publier vos bienfaits.

Mais hélas ! pourquoi ne sont-ils plus, ces tems de délices, où mon âme se confondait avec celle du père Anselme ! où nos cœurs éprouvaient des sensations qui ne peuvent être rendues que par le pinceau de la jouissance ! Agathe, ma chère Agathe, que de pertes libidineuses ! que de sacrifices expiés sur l’autel de la volupté ! Si je me pâmai mille fois dans les bras de mon consolateur, mille fois aussi je partageai son existence : te le dirai-je enfin ; il eut les prémices de ma virginité, et content de sa victoire, il ne se montra jamais ingrat à mon égard. Oui, ma chère Agathe, pour compter toutes ses prouesses amoureuses, il te faudrait au moins tous les chapelets de nos mères ; juge de mon bonheur.

Une chose pourtant qui m’étonne, c’est de n’avoir pas été sujette aux influences de l’amour, après une infinité d’attaques de ma part, et d’assauts réitérés de la sienne. Justes dieux ! que serais-je devenue, si j’avais mis au monde un

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