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de l’erreur ; ils vivent et meurent dans l’ignorance la plus crasse.

C’est le plus souvent des instructions que nous recevons dans le cours de notre jeunesse, que dépendent le bonheur ou le malheur de nos jours.

Êtes-vous garçon, on ne vous retire des mains de votre nourrice, que pour vous livrer, avec confiance, entre celles d’un pédagogue, qui ne manque pas de vous distribuer ses portions d’intelligence, et qui force quelquefois votre petit babil de se proportionner à la mesure de ses idées.

Êtes-vous une fille, on vous confine dans un cloître ; pourquoi faire ? pour bégayer le sentiment ; pour être, tout-à-la-fois, voluptueuse et libertine avec décence, pour vous apprendre, enfin, à joindre la pudeur aux grâces théâtrales.

Ne voilà-t-il pas, ma sœur, de beaux préceptes d’éducation ? Et ne conviendrez-vous pas qu’on ne saurait payer trop cher de semblables moralistes ? Poursuivons.

À peine le garçon a-t-il deux lustres complets,