Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
61


je me donnerais presque au diable, pour m’élever au-dessus d’une ursuline.

Ne vas pas, ma sœur Christine, te piquer au jeu. Ni ta métaphysique, ni les réflexions qu’elle te fait naître, n’ont rien de révoltant. Je n’ai fait semblant de briser l’humeur, que pour un peu me divertir, et si tu te persuades que j’aie voulu rire à tes dépens, tu as la balle en main : il t’est loisible d’en user de même à mon égard : venons au point essentiel.

Tu me recommandes de ne point oublier le confessionnal : je t’entends. Tu soupires après quelques unes de ces scènes galantes qu’inspire la volupté, et tu voudrais savoir si nous n’aurions pas trouvé le secret, monsieur l’abbé et moi, d’en imaginer des nouvelles. Tu sens bien qu’une pareille découverte ne demande pas beaucoup de tems pour y réfléchir. Il n’est rien (qui d’entre nous l’ignore) de plus ingénieux que l’amour. Il lève toutes les difficultés ; il court, il va, il vient ; il franchit tous les obstacles. Enfin, monsieur

F