Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
56


bien juste que j’exigeasse, à mon tour, des preuves, non simulées de toute sa tendresse. Le pauvre enfant ! il y avait plus de deux heures qu’il était en faction dans un coin du jardin : il guettait le moment ou il plairait à madame de descendre, soit pour promener sa migraine, soit pour donner audience à ses pensées. Impatient d’attendre, mon petit amour était sur le point de rétrograder, lorsqu’il apperçut l’embaucheuse qui avait eu le bonheur de cueillir ses prémices.

Je n’ai fait, me dit-il, en entrant, qu’une gambade du jardin dans cette chambre. Nous avons aujourd’hui beau jeu, ajouta-t-il, et nous nous divertirons tout à notre aise. Dis, ma bonne amie, est-ce que ton cœur ainsi que le mien, ne nage pas dans la joie ? N’es-tu pas aussi contente de me voir, que je le suis moi de te posséder, et de te presser contre mon sein ? Viens, mon cœur, viens, que je t’embrasse. Ah ! que de délices je te prépare ! Mettons-nous sur ce canapé ; vois comme il nous invite à prendre nos plaisirs ; il semble me reprocher que je suis en reste avec toi,