le malheur de rater sa belle. Nous étions trop
jeunes, l’un et l’autre, pour mesurer nos armes :
il ne nous était pas encore permis de précipiter la
fin de nos courses par des voluptés réelles. Enfin,
Étienne impatient d’exercer, sans fruit, son savoir
faire, et craignant, en outre, que madame
la supérieure ne nous surprit, colla, pendant
trois fois, sa bouche sur la mienne, et remit à
un autre jour le soin de renouveler ses transports,
et de passer peut-être un plus heureux
quart-d’heure.
Ah ! ma chère Agathe, de combien de mouvemens secrets ne fus-je pas alors agitée ! si, d’un côté, de savoureuses idées semblaient disposer mon tendre cœur aux agréables délices qu’allait me préparer Étienne, de l’autre, j’étais travaillée d’une cruelle inquiétude. Mon amant, à la vérité, était doué de toutes les grâces qu’on prête aux Cupidons. Je sentais qu’il avait fait beaucoup pour moi, et qu’il n’avait pas encore assez fait.
Fils chéri de l’amour, il en avait la jeunesse ;