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celle du petit Étienne, qui, comme tu vas voir, entreprit de faire auprès de moi, sans en donner, bien entendu, connaissance à la supérieure, ce qu’un jeune et vigoureux époux fait ordinairement à sa chaste épouse la première nuit de ses noces.

Un jour qu’il faisait beau, tandis que la supérieure se promenait dans le jardin pour dissiper une migraine qui l’avait empêchée de dormir, la voix du petit Étienne se fit entendre à notre porte. Comme j’étais encore couchée, et que je présumais que madame la supérieure, qui ne venait que de sortir, n’avait pas fermé la porte à clef, je lui criai d’entrer : il fut ponctuel à l’ordre, et moins timide que je ne l’aurais cru.

Quoi ! mademoiselle, me dit-il, vous êtes encore couchée ? Où est donc madame la supérieure ?

Il n’y a qu’un moment qu’elle est dehors, lui répondis-je, et si je ne me trompe, elle promène sa migraine sous les charmilles du jardin.