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petit bon homme, sinon que je vous prie de me continuer toujours vos bontés, et d’être intimement persuadée que je n’aspire qu’à la gloire de pouvoir les mériter. Je ne m’en rendrai digne, je crois, que lorsque je saurai bien à fond le jeu de Colin Maillard.

Je t’avouerai, ma chère Agathe, que j’étais enchantée des réponses naïves du petit Étienne : je le dis à ma honte, je lui trouvais une intelligence au-dessus de son âge, et peu s’en fallut que je ne rougisse de l’ignorance crasse où j’avais vécu jusqu’alors. Maître Mathurin, quoique bailli de sa paroisse, ne m’avait appris qu’à faire la révérence, encore m’en acquittais-je à la villageoise, et d’une manière si gauche, qu’on m’aurait plutôt prise pour une bergère qui garde les moutons, que pour la fille d’un archevêque.

Enfin, par les regards tendres et lascifs que jetait sur le petit Étienne madame la supérieure, et qui assurément n’étaient pas apostoliques, je compris que le jeune grivois entrait pour quelque