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mes doigts avaient gesticulé, militât en sa faveur. Il était si dégarni, si molasse, qu’il donnait facilement à comprendre que les appas de madame avaient été, dans leur jeune âge, trop dévoués au plaisirs, pour que désormais ils ne fussent pas inutiles au monde.

Pardonne-moi, ma sœur, cette courte digression : je ne l’ai mise au jour que pour finir cette scène, qui va bientôt t’en amener une autre, mais d’une nature toute différente, et à laquelle j’ai toujours donné la préférence. J’aime tu le sais, les peintures animées ; et si les représentations au naturel ne te déplaisent point, tu peux bien croire que n’étant plus faites pour Christine, elles ont été du moins de son goût. Je poursuis.

Lorsque madame la supérieure fut levée, elle me tint mille jolis propos ; elle m’embrassa, contre l’ordinaire, je ne sais combien de fois, en me prodiguant un déluge de tendresses. À mesure qu’elle se consumait en sensibilité, je pénétrais qu’elle cherchait, dans mes yeux, un moyen de se satisfaire. Ses regards étaient mourans, et son