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de ce nombre : elle démêla bientôt dans mes yeux que j’aimerais un jour le plaisir, et que tôt ou tard les émotions les plus séduisantes pénétreraient mon âme. Pour se convaincre apparemment si j’y aurais d’heureuses dispositions, elle me fit dresser une couchette à côté de son lit, disant qu’elle me prenait sous sa protection ; que j’apprendrais sous elle les premiers élémens du christianisme, et qu’elle espérait, de ma tendresse et de ma docilité, que je ne la mettrais point dans le cas de rougir de son ouvrage. Une fille plus instruite des usages du monde, n’aurait pas manqué de remercier la supérieure de toutes ses attentions, en lui donnant des preuves non équivoques de son respect et de sa reconnaissance ; mais j’étais si jeune, qu’elle dût naturellement excuser mon ignorance.

Mon petit lit ainsi disposé à côté de ma protectrice, je me déshabillais avec décence, et je me couchais de même. Quelques nuits se passèrent, sans que madame la supérieure me fit la moindre question, Jusques-là sa conduite s’ac-