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une raison de plus pour me confier à ses soins. Je demeurai sous sa direction l’espace de sept ans, au bout duquel terme, un émissaire de M. l’archevêque ou de madame l’abbesse, vint m’arracher des bras nourriciers, pour me plonger toute vivante dans ceux de la religion.

Arrivée au monastère des ursulines de M…, on me conduisit tout de suite chez madame la supérieure, qui, après m’avoir fixé tendrement, m’accabla de caresses, et protesta d’avoir pour moi tous les ménagemens qui étaient civilement dûs à une fille de mon rang, c’est-à-dire, archiépiscopale. À en juger par les tendresses que me prodiguait cette bonne mère, on eût dit que je rappelais dans son souvenir les doux momens qu’elle avait peut-être passés avec son éminence, qui courait de belle en belle, et qui, pour être fidèle à ses bergères, était esclave du changement et des faveurs nouvelles.

Il est des personnes, ma chère Agathe, qui ont le tact fin et le coup-d’œil juste. Sans outrager sa pénétration, madame la supérieure était