Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29

l’honneur du corps, et puisque tu me forces de lever le masque, j’obéis sans répugnance.

Je suis le fruit des amours de madame de sainte L…, abbesse du couvent de la Visitation de R…, qui ne me conçut dans la ferveur d’une dévotion naissante, que parce qu’elle ne pouvait pas se faire au régime de la continence. Je ne saurais répondre si plusieurs personnes ont effectivement travaillé à la composition de mon individu ; c’est un problème assez difficile à résoudre. Je ne dois pourtant avoir qu’un père, selon toutes les règles de la propagation, et l’on me fait l’honneur de m’en attribuer plusieurs. Quoiqu’il en soit, M. l’archevêque de R…, dont le zèle, sans doute, était alors louable, est réputé pour être le véritable. J’avouerai même, sans craindre de blesser mon amour-propre, qu’il m’est plus glorieux de descendre de son éminence, que du palfrenier de la maison, qui, à cause de sa jeunesse et de son embonpoint, avait trouvé, dit-on, le merveilleux secret d’en compter à madame.

C 3