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De bonne foi, crois-tu que la peinture des vies lubriques de ces dernières, ait plus de force et de réalité que celle des premières ? Ah ! rabats, rabats, je t’en prie, de ta petite arrogance, et cesse de t’approprier seule des droits que je peux te contester. Sois intimement persuadée qu’au milieu de leurs succès et de leurs triomphes galans, mes héroïnes, possèdent aussi bien que les tiennes, pour ne pas dire mieux, toutes les gradations et les régularités des jouissances.

Tu traiteras peut-être tout ceci de bagatelle… Il me semble que je t’entends : tu veux des faits à la place des mots. Hé bien ! il faut te satisfaire.

Pour ne pas sortir des règles ordinaires, et ne te rien cacher des circonstances de ma vie, je vais commencer par te dévoiler le secret de ma naissance : j’entrerai ensuite dans le détail des aventures de ma jeunesse, et finirai par l’histoire du cloître. Tu dois sentir qu’il m’en coûte de déchirer le voile qui avait couvert jusqu’à présent mes premières années ; mais il y va de