Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27




TROISIÈME LETTRE.


Tu parles d’or, ma chère Agathe. Oui, tu mets aux abois toute ma logique. Ô que le cloître est une excellente académie ! L’esprit et le cœur y gagnent. J’ose le dire, ce n’est qu’au sein même d’une troupe de vierges, que la métaphysique de l’amour se trouve confinée. Ce petit dieu malin, comme tu sais, y prend toutes les formes, et ce n’est que sous ses aîles qu’on cueille le plaisir.

Mais réponds-moi, ma chère, n’entre-t-il pas un peu, j’oserais presque dire beaucoup de vanité dans ton langage ? Il me semble que tu passes les bornes, et que tu portes trop loin ce qu’on nomme prévention. Tu m’as écrit, sans doute, dans un moment d’ivresse, et tu t’es follement imaginée que les dames ursulines ne devaient glaner dans les champs de l’amour, qu’après que les dames carmélites y avaient fait leur moisson.

C 2