Page:Lettres galantes et philosophiques de deux nones, 1797.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101


art, il faut auparavant se sonder, pour savoir si on peut y atteindre.

Pendant l’espace de trois semaines, que j’eus le bonheur de coucher avec mademoiselle d’Entraigues, de combien de folies ne nous avisâmes-nous pas ! Une souveraine liberté présidait à tous nos jeux : nous nous soumîmes avec la plus grande docilité aux doux commandemens de l’amour. Plus d’une fois il éclaira notre défaite : plus d’une fois, nous dépouillant de toute pudeur, nous parodiâmes les emportemens de Sapho et d’Andromède.

C’est ainsi, ma chère Agathe, que mademoiselle d’Entraigues et moi, nous rendions respectivement nos tendres hommages à l’amour. Nous lui devons notre existence ; il mérite bien quelque gratitude.

Je ne sortis des bras de mademoiselle d’Entraigues, que pour me livrer à ceux de la volupté. Le toucher m’offrait des plaisirs sans nombre, et il était écrit que l’amour devait adoucir mon état.

I 3