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LETTRES DE NOBLESSE

LETTRES D’ANOBLISSEMENT D’ANTOINE COYPEL.

(Avril 1717.)

Louis… salut. Une des principales attentions du souverain devant être de récompenser la vertu, ce qu’il ne peut faire plus dignement dans les personnes en qui elle se trouve que par des marques d’honneur qui les distinguent du commun et passent à leur postérité, Nous croyons devoir suivre en cela l’exemple des Roys nos prédécesseurs qui ont toujours pris soin d’élever au rang de noblesse, non seulement ceux qui ayant embrassé la profession des armes ont généreusement exposé leur vie pour la deffense et la gloire de l’Etat, mais même ces grands génies qui, par la culture des arts libéraux, se sont rendus illustres dans leurs siècles et ont transmis à la postérité leurs noms bien plus avant que leurs ouvrages, et comme ceux qui ont excellé dans la peinture ont été dans tous les tems très favorablement traités dans les cours des plus grands princes où leurs ouvrages ont servi à l’embelissement de leurs palais et de monument à leur gloire en représentant à la postérité leurs plus belles et plus heroïques actions, décorant d’ailleurs les temples où, par les plus vives et plus animées expressions des choses saintes, ils élèvent les cœurs aux autels et secondent par la sainteté de leurs artifices le zèle et la piété des ministres.

Nous avons bien voulu donner au sieur Antoine Coypel, notre premier peintre, Directeur de notre Académie de peinture, des marques de l’estime que nous faisons de sa personne et de l’excellence de ses ouvrages, et, par une récompense d’honneur proportionnée à sa vertu, exciter dans les autres l’émulation de l’imiter et se mettre en état par leurs études et leur aplication de mériter pareille grâce. A ces causes, et autres considérations à ce nous mouvans,… nous avons par ces présentes signées de notre main decoré et honoré, décorons et honorons du titre et qualité de noble ledit sieur Coypel, voulons qu’il soit tenu et reputé pour tel, etc., et puisse porter armes timbrées d’un écu de gueules à un aigle d’or le vol étendu et un chef d’azur chargé d’un soleil d’or acosté de deux fleurs de lys de même, telles qu’elles sont cy empreintes, sans que pour ce il soit tenu de nous payer aucunes finances… Si donnons en mandement…

Donné à Paris au mois d’avril, l’an de grâce 1717 et de notre règne le deuxième. Signé : Louis…