pourtant arrivée comme elle l’avait dit ; elle était datée de la chambre de M. de Saint-Germain, et elle était si rassurante, que je suis persuadée que vous aurez pu travailler avec lui. Mon Dieu ! je le voudrais : car lorsque réellement on n’est pas ministre, il y a bien peu de chose qui dédommage de la perte de sa liberté. On ne fait guère ce sacrifice qu’à la fortune et à l’amour ; et en vérité on a bien raison : l’idée de chaîne, fût-elle d’or, révolte mon âme. Bonsoir. J’ai souffert, je ne connais plus que la douleur, et cependant vous dites qu’il faut chérir la vie ; cela ne me paraît pas bien conséquent.
Je reçois votre lettre, mon ami. Je vous remercie de ne m’avoir pas laissée dans l’incertitude plus longtemps. J’en ai encore sur votre retour, et c’est bien assez : car vous me dites bien faiblement que vous me verrez aujourd’hui. En tout, ce billet est un peu froid, mais il est une marque de bonté et d’attention ; ainsi je dois m’en louer. Bonjour, mon ami. J’enverrai cette lettre chez vous pour que vous l’ayez en arrivant ; et j’espère que si je ne vous vois pas ce soir, j’aurai de vos nouvelles demain matin de bonne heure. Écrivez-moi en vous levant, ou avant que de vous coucher.
LETTRE CXLVIII
J’ai bien pensé que, si vous n’êtes pas heureux,