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CCCXLIV.

A Léopold II.
[1792, janvier.]

J’ai une occasion bien sûre d’ici à Bruxelles, et j’en profite, mon cher frère, pour vous dire un mot. Vous recevrez avec celle-ci un Mémoire que je suis obligée de vous envoyer, de même que la lettre que j’ai été forcée de vous écrire au mois de juillet[1]. Il y avait aussi une lettre ; mais comme elle dit la même chose que le Mémoire, je me suis dispensée de l’écrire. Il est bien essentiel que vous me fassiez une réponse que je puisse montrer, et où vous ayez l’air de croire que je pense tout ce qui est dans ces deux pièces, précisément comme vous m’avez répondu cet été.

M. de Mercy vous expliquera plus en détail notre position, et combien il est à désirer que vous distinguiez toujours notre intérêt véritable d’avec tout ce que nous sommes obligés de faire pour notre sûreté personnelle ici. Je ne peux pas vous écrire davantage ; l’ignorance totale où je suis de tout ce qui a rapport à vos idées ou à vos projets m’empêche de faire aucune réflexion ; mais croyez, mon cher frère, que, dans toutes les positions et dans tous les moments, mon amitié sera toujours la même. Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Comme la lettre de juillet 1791, le Mémoire de janvier 1792 était l’œuvre des constitutionnels, dont la Reine acceptait le concours et non les idées.