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CCCXLI.


A la reine d’Espagne[1] .


1792, 4 janvier.


Ce 4 janvier 1792.
Madame ma sœur et cousine,

J’aurais bien désiré pouvoir écrire à V. M. en même temps que le Roi a écrit au roi d’Espagne[2], mais les moments m’ont manqué, et il faut être si circonspect dans toutes nos démarches qu’il m’a fallu attendre une occasion sûre pour envoyer celle-ci à M. le baron de Breteuil, que vous savez déjà avoir toute notre confiance. Je m’adresse avec d’autant plus de plaisir à vous, Madame, pour me réunir à la lettre que le Roi a écrite, que la noblesse de votre caractère, le double lien du sang qui vous unit à nous, ne me laisse aucun doute de l’intérêt que vous prenez à tout ce qui nous regarde. Veuillez donc bien entretenir le roi d’Espagne dans la bienveillance pour nos intérêts. La lettre qu’il a reçue du Roi lui explique nos véritables sentiments, et nous ne pouvons pas en avoir d’autres. Il est inutile de dire à V. M. combien le plus grand secret est nécessaire sa prudence et notre po-

  1. Le 12 décembre 1791, Fersen avait écrit à Marie-Antoinette « Il y a encore une démarche bien nécessaire ; c’est d’écrire vous-même une lettre à la reine d’Espagne, de politesse et de confiance, en vous rapportant à celle du Roi, et en lui faisant sentir la nécessité du plus grand secret, à cause de Paris. Vous savez l’influence qu’elle a, et cette démarche ne saurait être trop prompte. Vous pouvez me l’envoyer par la diligence dans une boîte de thé. » Le comte de Fersen et la cour de France, I, 273.
  2. Dans cette même lettre du 12 décembre, Fersen prévenait la Reine qu’il avait reçu la lettre du Roi pour l’Espagne.