Page:Lettres de Marie-Antoinette - recueil des lettres authentiques de la reine, éd.La Rocheterie, 1896, Tome II.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CCCXL.

Au comte de Fersen.


1792, 4 janvier.


Ce 4 janvier 1792.

Je ne vous écris qu’un mot.... La personne qui vous porte celle-ci vous dira et fera connaître notre position telle qu’elle est. J’y ai entièrement confiance, et il la mérite par son attachement et sa raison. Il porte un Mémoire absurde, mais que je suis obligée d’envoyer[1]. Il est essentiel que l’Emp. soit bien persuadé qu’il n’y a pas là un mot qui soit de nous, ni de notre manière de voir les choses ; mais qu’il me fasse pourtant une réponse, comme s’il croyait que c’est là ma manière de voir, et que je puisse montrer ; car ils sont si méfiants ici qu’ils exigeront la réponse. Le porteur de tous ces papiers ne sait pas par qui ils me sont venus, et il ne faut pas lui en parler. Le Mémoire est bien mal fait, et on voit que les gueux ont peur mais, pour notre sûreté personnelle, il faut encore les ménager, et surtout leur inspirer confiance par notre conduite ici. On vous expliquera tout cela, ainsi que les raisons pour quoi souvent je ne peux pas vous avertir d’avance de ce qu’on va faire. Mon homme n’est pas encore revenu ; je voudrais pourtant bien avoir des nouvelles d’où vous êtes. Que veut dire cette déclaration subite

  1. C'est le Mémoire rédigé par les constitutionnels. On le trouvera plus loin, p.364