Page:Lettres de Marie-Antoinette - recueil des lettres authentiques de la reine, éd.La Rocheterie, 1896, Tome II.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CCLIV.

A Gustave III.
[1790, 1er février.]

Monsieur mon frère, j’ai été bien touchée de l’amitié et de l’intérêt particulier que Votre Majesté veut bien me témoigner dans sa lettre du 22 décembre. Les malheurs inévitables du plus beau royaume possible aggravent nos peines chaque jour. Il faut espérer que le temps, et surtout la conviction, ramèneront l’esprit et le cœur des Français à sentir qu’ils ne peuvent être heureux qu’en se ralliant sous les ordres et le gouvernement d’un Roi juste et bon, et quel autre trouveront-ils jamais, j’ose le dire, qui sache plus sacrifier ses intérêts personnels pour la tranquillité et le bonheur de son peuple ? Mes enfants sont bien reconnaissants du souvenir de Votre Majesté, et pour moi je vous prie de ne jamais douter que je partage bien sincèrement tous les sentiments que le Roi vous témoigne dans sa lettre. Vous connaissez depuis longtemps ceux que je vous ai voués, et la haute considération avec laquelle je suis, Monsieur mon frère, de Votre Majesté la bonne sœur.

Marie Antoinette.