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à M. de Lévis que je ne peux pas le recevoir[1]. Je ne me suis permis ni plainte ni réflexion. J'imagine, ce soir, j'aurai une explication. Je suis très décidée à tenir ferme à mon idée, et surtout à ne pas me compromettre dans mes réponses.

Je vous préviens que le Roi verra les ambassadeurs mercredi, jour des Rois, au lieu de jeudi. Adieu, Monsieur le comte ; tous mes sentiments vous sont acquis.


CCLIII.

Au comte de Merçy.
[1790, 21 janvier.]

Je serai demain, depuis dix heures et demie jusqu’à midi sûrement, seule chez moi ; j’aurais grand plaisir à vous voir, car j’ai bien des choses à vous dire. Mon âme est plus inquiète et plus agitée que jamais. Je ne vous parle pas, Monsieur, de tous mes sentiments pour vous. Ce serait faire injure à tous deux que de faire des phrases pour vous en assurer.

Ce jeudi, à midi, 21.

  1. Mirabeau avait engagé Monsieur à se faire nommer ministre et chef du cabinet. Le duc de Lévis (Pierre-Marc-Gaston), capitaine des gardes de Monsieur, avait été chargé de négocier cette combinaison avec la Reine. Mais celle-ci, qui n'aimait pas son beau-frère et n'avait pas confiance en Mirabeau, refusa de recevoir M. de Lévis.