Page:Lettres de Marie-Antoinette - recueil des lettres authentiques de la reine, éd.La Rocheterie, 1896, Tome II.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a rien à dire. Je suis bien aise que M. de Guiche soit avec vous. C’est un gendre digne de vous et de votre mari, par son attachement, sa noblesse et sa loyauté. Tout le monde lui rend justice ici, et même ses ennemis lui rendent hommage par la haine qu’ils ont montrée contre lui. Dites-lui bien des choses pour moi. Je ne peux vous dire combien les quatre lignes de votre fille[1] m’ont fait plaisir. Et comment ne m’occuperais-je point de ces enfants ? Ne sont-ils donc pas à moi aussi ? N’est-elle point ma fille d’adoption ? J’ai tous les sentiments d’une mère pour elle. Quelle m’aime toujours un peu, et que surtout elle parle souvent de moi avec vous, et vous serez sûres toutes deux de vous occuper d’un être qui est sans cesse pensant à vous, et qui aime et embrasse sa plus tendre amie de toute son âme.


CCLII.

Au comte de Merçy.
[1790, 6 janvier.]

Voici la lettre pour l’Empereur, Monsieur le comte ; je me borne à lui parler de sa santé et de la nôtre. Vos dépêches parleront assez d’affaires. Voici le jour de l’an passé tranquillement. J’ai écrit ce matin à Monsieur pour lui mander simplement que, voulant suivre mon plan de ne me mêler de rien et de ne voir personne, je le prie de dire

  1. Louise-Gabrielle-Aglaé de Polignac, née le 7 mai 1768, mariée le 11 juillet 1780 à Antoine-Louis-Marie de Gramont, duc de Guiche, morte le 30 mars 1803.