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À la duchesse de Polignac.
1789, 29 décembre.
Ce 29 décembre.

J’ai été bien heureuse, mon cher cœur, d’avoir de vos nouvelles, et encore plus heureuse d’avoir une occasion sûre jusqu’à Turin pour vous écrire et vous parler de toute mon amitié. J’ai pleuré d’attendrissement en lisant vos lettres. Oh ! oui, aimez-moi toujours ; ce ne sera pas une ingrate, car tant que je vivrai mon amitié ne peut cesser. Vous parlez de mon courage : je vous assure qu’il en faut bien même dans les moments affreux où je me suis trouvée que de supporter continuellement et journellement notre position. Ses peines à soi, celles de ses amies, et celles de tous ceux qui entourent, sont un poids trop fort à supporter ; et, si mon cœur ne tenait pas par des liens aussi forts à mes enfants, à vous et à deux amies que j’ai, souvent je désirerais succomber. Mais vous autres me soutenez. Je dois encore ce sentiment à votre amitié ; mais moi je vous porte à tous malheur, et vos peines sont pour moi et par moi. Votre frère de Valenciennes a été exact à envoyer votre lettre elle est aimable comme vous, c’est tout dire. Je l’ai vue ; car, après trois mois de peine et de séparation, quoique dans le même lieu, la personne et moi sommes parvenues à nous voir une fois sûrement. Vous nous connaissez toutes deux ; ainsi vous pouvez juger de notre bonheur. Elle va faire une course chez votre frère cela était nécessaire, et j’avoue que j’ai