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CCXLIX.
À la duchesse de Polignac.
1789, 13 décembre.
Ce 13 décembre.

Enfin, mon cher cœur, il m’est possible de vous dire un mot de ma tendre amitié. Croyez bien que, malgré que je ne peux pas écrire, vous n’êtes pas moins gravée bien profondément dans mon cœur. La personne qui se charge de vous faire tenir cette lettre[1] est bien malheureuse sous tous les rapports. Elle a été obligée de quitter ce pays-ci et d’aller à Rome avec ses enfants auprès du cardinal d’York[2]. Elle s’y trouvera absolument abandonnée. Vous savez que nous sommes liées depuis longtemps, et c’est à peu près une des seules personnes qui me soient restées attachées pour moi seule et sans intérêt. Je voudrais bien lui rendre service, mais je ne connais personne. Vous qui êtes liée avec le cardinal de Bernis[3], écrivez-lui, je vous prie, que je regarderai comme service personnel tous ceux qu’il pourra rendre à Mme de F. J.[4] pendant son séjour. Je ne veux entrer en aucun détail avec vous, ne sachant ni quand ni comment cette lettre vous arrivera. Adieu donc, mon cher cœur. J’embrasse vos enfants. Di-

  1. La duchesse de Fitz-James.
  2. Henri-Benoît-Marie-Clément Stuart, duc d’York, fils de Jacques III, frère du prétendant Charles-Édouard, né en 1725, cardinal en 1747, mort en 1807.
  3. Voir sur le cardinal de Bernis la note de la lettre CLXII, t. II, p. 37. La duchesse de Polignac était alors à Rome, où Bernis était ambassadeur.
  4. La duchesse de Fitz-James.