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Montmorin vous aura expliqué que le voyage de M. le d[uc] d’Or[léans], au moins de notre part, ne doit donner nulle inquiétude à Vienne[1]. Adieu, Monsieur le comte ; il me tarde bien de retrouver le moment où je pourrai vous voir librement et vous assurer de tous les sentiments qui vous sont si justement dus, et que je vous ai voués pour la vie.


CCXLVII

Au baron de Flachslanden.[2]
[1789, 28 octobre.]
Le mercredi 28.

Je suis bien inquiète de ce qui se passe en Alsace, et je vous prierai, Monsieur le baron, de m’en donner des nouvelles par la même voie par laquelle vous recevrez ma lettre, ou par toute autre que la personne vous indiquera.

  1. Après les journées d’octobre, La Fayette avait exigé que le duc d’Orléans, fort compromis dans cette émeute, quittât la France. Le duc était parti pour Londres, chargé en apparence d’une mission du Roi. Mais le bruit s’était répandu qu’il devait aller aux Pays-Bas pour soulever le pays et se faire proclamer duc de Brabant. Dans une lettre à l’Empereur, en date du 10 décembre 1789, Léopold s’exprime avec vivacité à ce sujet : « J’avoue que l’instruction donnée par la cour de France au duc d’Orléans est le comble de l’iniquité et de la fausseté, surtout chargeant un homme aussi décrédité d’une pareille mission au moment où le Roi ne peut avoir de confiance en lui, où lui-même est l’auteur des révolutions en France et a tenté d’enlever au Roi sa couronne, et peut-être la vie à la Reine et à sa famille... » Joseph II und Leopold von Toscana, t. II, p. 299.
  2. Le baron de Flachslanden, maréchal de camp et député aux États généraux, était commandant en second de l’Alsace. C’est à ce titre que la Reine l’interroge sur les dispositions de cette province, qui passait pour très monarchiste. Plus tard, en 1792, il émigra, et fut, dans l’émigration, un des confidents de Marie-Antoinette. Après avoir fait campagne dans l'armée des Princes, il fut ministre de Louis XVIII, et mourut à Blankenbourg en août 1797.