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soient auprès de moi, et au moins ne me soupçonnera-t-on pas de voir du monde chez moi. Adieu, Monsieur ; plus je suis malheureuse, et plus je sens que je suis tendrement attachée à mes véritables amis, et il y a longtemps que je me plais à vous compter de ce nombre.

(Autographe, Archives impériales d’Autriche. Éd. Feuillet de Conches, l. c., I, 270 ; Arneth et Flamermont l. c., II, 272 note.

CCXLV.

Au comte de Mercy.
[1789, octobre.]

Je me porte bien, Monsieur le comte, pour l’extérieur ; mais j’ai le cœur navré plus que jamais. Vous voyez que j’ai été obligée de sacrifier tout ce qui pouvait m’être attaché, en qui je pouvais avoir confiance[1]. Ils n’abattront pas mon courage, mais je souffre beaucoup. Quand vous voudrez m’écrire, adressez la lettre à la première femme de chambre de service : elles sont toutes sûres. S’il m’arrive quelque chose, ou elles ou moi vous écrirons. M . de Montmorin revient ce soir. Adieu. Votre fidélité, votre zèle, me sont plus précieux que jamais.

(Archives impériales de Vienne. Éd. Feuillet de Conches, l. c., I, 228.) — Il faut faire observer que M. Feuillet avait mis d’abord : « Autographe de mon cabinet, » et qu’il a corrigé dans l’Errata du t. IV (p. 485), par « Archives impériales de Vienne. »

  1. Il avait fallu notamment se séparer des gardes du corps, dont le dévouement seul avait sauvé la Reine à Versailles. « Cela a été une peine bien vive pour le Roi et la Reine, » écrivait Madame Elisabeth à la duchesse de Polignac.