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de nous dire[1]. Je suis désolée que nous soyons séparés ; mais il vaut bien mieux que vous restiez où vous êtes pendant quelque temps. Vous aurez de mes nouvelles le plus souvent que je pourrai. Adieu ; comptez à jamais sur tous mes sentiments pour vous.

(Autographe, Archives impériales d’Autriche, Éd. Feuillet de Conches, l. c., I, 264 ; Arneth et Flammermont, l. c., II, 271, note.)

CCXLIV.

Au comte de Mercy.
1789, 10 octobre.
Le 10 octobre 1789.

Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, Monsieur, votre lettre du mardi 6[2]. Je conçois toutes vos inquiétudes, ne doutant pas de votre parfait attachement. J’espère que vous avez reçu ma lettre de mercredi, qui vous aura un peu rassuré. Je me porte bien, et, malgré toutes les méchancetés qu’on ne cesse de me faire, j’espère pourtant ramener la partie saine et honnête de la bourgeoisie et du peuple. Malheureusement, quoiqu’en assez grand nombre, ils ne sont pas les plus forts ; mais, avec de la douceur et une patience à

  1. « La Reine, écrivait Madame Elisabeth à son amie la marquise de Bombelles, parla avec toute la grâce que vous lui connaissez. Cette matinée fut très bien pour elle. Toute la journée, il fallut se montrer aux fenêtres ; la cour et le jardin ne désemplissaient pas. ».
  2. Dans cette lettre, Mercy racontait qu’ayant appris le 6 au matin qu’il y avait du tumulte à Versailles, il s’y était aussitôt rendu huit heures, mais qu’il n’avait pu pénétrer jusqu’à la Reine, et que les ministres Saint-Priest et Montmorin, qu’il avait vus, l’avaient engagé à repartir au plus vite, « sa présence ne pouvant être d’aucune utilité » et pouvant au contraire devenir « très nuisible » ; M. de Montmorin avait d’ailleurs ajouté que tout paraissait se calmer, et que La Fayette espérait faire retirer la milice et la populace parisienne.