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puis longtemps, plus j’ai toujours eu à me louer personnellement des deux frères[1]. Ma santé va assez bien. La matinée de jeudi m’a pourtant fait bien du mal. Les nouvelles arrivées de Normandie[2] et de Boulogne prouvent à elles seules combien un Te Deum était déplacé dans ce moment[3].

Il n’y a point d’ambassadeurs mardi ; ainsi vous ne viendrez que pour la Saint-Louis. Si vous pouviez venir la veille, dans la soirée jusqu’à neuf heures, je serai chez moi, et j’ai toujours un nouveau plaisir à vous voir, Monsieur le comte, et à vous assurer de toute ma confiance et parfaite amitié.

Mandez-moi, je vous prie, l’adresse de ma sœur de Bruxelles, au cas qu’elle soit encore à Spa.

(Archives impériales d’Autriche. Éd. Feuillet de Conches, l. c, I, 251.)

CCXLI.

À la duchesse de Polignac.
1789, 31 août.
Ce 31 août.

Mme de Pienne a été si souvent au moment de partir, que je ne sais pas encore si c’est tout de bon ; mais il m’est impossible, mon cher cœur de manquer une occasion de vous parler de toute mon amitié pour vous. Ma santé est bonne, celle de mes enfants aussi. Je vois toutes vos

  1. Le frère du prince de Lambesc était le prince de Vaudémont.
  2. En Normandie, la populace arrêtait les convois de blé, maltraitait les charretiers et pillait les grains. La troupe était impuissante à empêcher ces désordres. C’est dans une de ces émeutes à Caen, le 12 août 1789, que le malheureux Henry de Belsunce fut massacré, son corps déchiré, son cœur arraché et mangé.
  3. On chanta le 13 août un Te Deum à l’occasion de l’abolition des droits féodaux, votée d’enthousiasme par l’Assemblée dans la fameuse nuit du 4 août.