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CCXXXIX

1789, 12 août
ce 12 août

Je n’ose vous écrire qu’un mot, mon cher cœur ; mais je suis encore bien heureuse de ce que, par Mme de Pienne[1], je peux vous parler de toute mon amitié, Je ne vous exprime pas tous mes regrets d’être séparée de vous ; j’espère que vous les sentez comme moi. Ma santé est assez bonne, quoique nécessairement un peu affaiblie par tous les chocs continuels qu’elle éprouve. Nous ne sommes entourés que de peines, de malheurs et de malheureux, sans compter les absences. Tout le monde fuit, et je suis encore trop heureuse de penser que tous ceux qui m’intéressent sont éloignés de moi. Aussi, je ne vois personne, et je suis toute la journée seule chez moi. Mes enfants font mon unique ressource je les ai le plus possible avec moi. Vous savez sûrement la nomination de Mme de Tourzel ; elle a bien coûté à mon cœur ; mais, du moment que vous aviez donné votre démission, et que ce n’était plus l’amitié et la confiance qui présidaient à leur éducation, j’ai voulu du moins que ce fût une personne de grande vertu et qui fût éloignée par son état de toutes accusations d’intrigues. Ma fille et Ernestine ont été parfaites pour vous, et par consé-

  1. Mélanie-Charlotte de Rochechouart-Faudoas, née le 14 octobre 1765, mariée le 6 août 1781 à Louis-Marie-Céleste d’Aumont, duc de Piennes. Elle mourut le 23 avril 1790, et le duc de Piennes se remaria à Pauline Blot de Chauvigny, veuve elle-même du comte de Reuilly.