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avec cette indication : « Lettre trouvée dans le portefeuille de l'ex-juge et achetée à Vetaux, par un amateur inconnu ; » 4e en 1863, par M. de Lescure, La Vraie Marie-Antoinette, p. 95 ; 5e en 1864, par M. Feuillet de Conches, l. c., I, 240, avec cette note : « Ces instructions, déjà publiées, immédiatement après le 10 août. par ordre de l’Assemblée, avec tous les papiers trouvés dans les secrétaires du Roi et de la Reine, l’ont été de nouveau par MM. de Goncourt, de Lescure et le comte Horace de Viel-Castel..... » Nous croyons que l’assertion de M. Feuillet de Conches est inexacte ; car nous avons vainement cherché ce document dans le recueil des papiers saisis aux Tuileries qui se trouve à la Bibliothèque nationale ; 6e par M. Henry Beaune, dans la Revue lyonnaise du 15 janvier 1883.)


CCXXXVII.

Au comte de Mercy.
1789, juillet.]

Voici mes lettres, Monsieur le comte. L’Empereur, dans la sienne, ne me dit rien des deux copies qu’il vous a envoyées. Aussi je ne lui en parle pas. Je vous envoie ma lettre[1] pour que vous puissiez la lire et écrire. En conséquence, vous la cachetterez après.

Malgré la démarche de la Commune, les districts et le peuple paraissent montrer de l’inquiétude du retour des gardes du corps. Je crois que pour tout il est mieux de ne pas se presser sur cet objet, et j’engage le Roi à dire à MM. Bailly ou La Fayette qu’il a été sensible aux vœux que la Commune lui a présentés qu’il a fait momentanément le sacrifice de ses gardes pour inspirer le calme et la tranquillité ; qu’il sait qu’il y a encore des districts qui ont de l’inquiétude ; qu’il ne rappelle donc pas encore ses gardes auprès de lui, et qu’il attendra. Je crois que c’est le parti le plus sage ; mais il faut y tenir ferme, et ne

  1. Le 30 juillet 1789, Joseph II écrit à son frère Léopold : « Je ne sais pas le mot du comte de Mercy, ni par conséquent de la Reine, ce qui m’inquiète beaucoup. » Et le 3 août « J’ai enfin vu une lettre de la Reine, qui est pénétrée de douleur et qui sent les humiliations qu’on a fait éprouver au Roi. Néanmoins elle se porte bien et parait avoir pris le seul parti qui lui convenait, savoir de rester fort retirée et tout occupée de ses enfants. » Joseph II and Leopold con Toscana, t. II, p.264 et 265.