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donner que de la jalousie sur le mariage. Quoique je sois fort contente ici, j’envie le bonheur qu’a ma sœur Marie[1] de vous voir souvent ; j’ose dire que j’en serais aussi digne par la respectueuse et vive tendresse que j’ai pour ma chère maman.

Antoinette

(Autographe signé, Archives impériales d’Autriche. Éd. Arneth, l. c., p. 56 ; Arneth et Geffroy, l. c., I, 248.)


XII.

À l’Impératrice Marie-Thérèse.
1772, 21 janvier.
Le 21 janvier.

Madame ma très chère mère, je ne doute point que Mercy ne vous ait mandé ma conduite du jour de l’an[2], et j’espère que vous en aurez été contente. Vous pouvez bien croire que je sacrifie toujours tous mes préjugés et répugnances, tant qu’on ne me proposera rien d’affiché et contre l’honneur[3]. Ce serait le malheur de ma vie, s’il arrivait de la brouillerie entre mes deux familles. Mon

  1. Marie-Christine, sœur aînée de Marie-Antoinette : née le 13 mai 1742, mariée en 1766 au prince Albert de Saxe-Teschen, morte le 24 juin 1798. Marie-Christine devint, en 1781, gouvernante des Pays-Bas. Il y avait entre elle et Marie-Antoinette peu de sympathie.
  2. À la réception du 1er janvier 1772, la Dauphine s'était décidée à dire un mot, bien insignifiant d’ailleurs, à Mme du Barry. Mais cet effort, pour obéir au désir du Roi et aux conseils maternels, lui avait beaucoup coûté : car après avoir raconté elle-même l’incident à Mercy, elle ajoutait aussitôt : « J’ai parlé une fois ; mais je suis bien décidée à en rester là, et cette femme n’entendra plus le son de ma voix. »
  3. Cette phrase fit bondir Marie-Thérèse : « Vous m’avez fait rire, riposta-t-elle le 13 février, de vous imaginer que moi ou mon ministre pourraient jamais vous donner des conseils contre l’honneur, pas même contre