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la Vauguyon, qui est encore plus dans l’intrigue et plus méchant que son père ; il avait bien envie d’aller à Vienne au lieu de M. le baron de Breteuil[1] ; j’ai bien senti par moi-même le chagrin que cela ferait à Votre Majesté, mais grâce à Dieu cette affaire est rompue.

J’ai grand regret de la comtesse de Paar[2], que je respectais et aimais de tout mon cœur. La princesse[3], je la regrette comme femme d’esprit ; je partage le chagrin de Votre Majesté pour Tarouca[4], Odonel[5] et la Justel[6] ; c’est une grande perte que de bons et anciens serviteurs,


    guerre de Sept ans et être arrivé au grade de maréchal de camp, suivit la carrière diplomatique. Ambassadeur en Espagne en 13S4, il en fut rappelé en 138g, pour prendre le portefeuille des affaires étrangère» dans l’éphémère ministère qui succéda à Neckcr le 11 juillet. Quoique compromis par cette participation, il fut renvoyé en Espagne, où il rendit de vrais services ; mais, en 1390, dénoncé et attaqué sans cesse à la tribune de l’Assemblée nationale, il dut donner sa démission. Toutefois, il ne rentra pas en France et resta à l’étranger un des agents des princes émigrés. Il mourut pair de France en 1828.

  1. Louis-Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil, après avoir été ministre de France en Russie, avait été désigné en 1330 pour l’ambassade à Vienne ; mais, après la chute de Choiseul, on lui préféra le prince Louis de Rohan. Il fut envoyé à Naples en 1772, et en 1775 remplaça Rohan à Vienne. Nommé à son retour ministre de la Maison du Roi, un moment premier ministre le 11 juillet 1789, il émigra après la prise de la Bastille et fut pendant toute l’émigration l’homme de confiance du Roi et surtout de la Reine. Ses longs démêlés avec Calonne, agent des princes, remplissent cette période et furent une des causes des divisions et de la faiblesse du parti royaliste.
  2. La comtesse Paar, grande maîtresse de l’impératrice douairière, Elisabeth, mère de Marie-Thérèse, morte le 22 mars 1771, à l’âge de quatre-vingt-six ans.
  3. La princesse Paar, née comtesse Esterhazy, femme du prince Paar, neveu de la grande maîtresse ; son mari avait accompagné Marie-Antoinette lorsqu’elle était venue en France.
  4. Le comte Sylvain Tarouca avait été un des plus intimes et des plus fidèles conseillers de Marie-Thérèse au début de son règne. C’est lui qui avait parié avec l’Impératrice, alors enceinte, qu’elle aurait un garçon, et qui, « condamné à payer » par la naissance de Marie-Antoinette, lui avait envoyé les vers bien connus de Métastase. Il mourut à soixante-quinze ans, le 8 mars 1771.
  5. Le comte Charles O’Donnell, mort le 20 mars 1771, à cinquante-six ans.
  6. Justine Lindhardt, femme de chambre de l’Impératrice.