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qu’à l’arrivée du Roi ; mais quand il n’y est pas nous allons nous coucher à onze heures. Voilà toute notre journée. Pour ce que nous faisons les dimanches et fêtes, je me le réserve à lui mander une autre fois.

Je vous supplie, ma très chère mère, de pardonner si ma lettre est trop longue, mais c’est mon seul plaisir de m’entretenir avec elle. Je lui demande encore pardon si la lettre est sale, mais je l’ai dû écrire deux jours de suite à la toilette, n’ayant pas d’autre temps à moi, et si je ne lui réponds pas exactement, qu’elle croie que c’est par trop d’exactitude à brûler la lettre[1]. Il faut que je finisse pour m’habiller et aller à la messe du Roi ; j’ai donc l’honneur d’être

la plus soumise fille,
Antoinette

Choisy, ce 12 juillet 1770.

Je lui envoie la liste des présents que j’ai reçus, croyant que cela pourrait l’amuser.

(Autographe signé, Archives impériales d’Autriche. Éd. Arneth, l.c., p.12, avec fragment de fac-similé à la fin du volume ; ARNETH et GEFFROY, l. c., I,18.)

V.

À l’Impératrice Marie-Thérèse.
1771, 16 avril.

Madame ma très chère mère, je suis enchantée que le carême n’a pas nui à votre santé ; la mienne est toujours

  1. La Dauphine était tellement convaincue que rien n’était en sûreté chez elle, qu’elle brûlait les lettres de sa mère, dans la crainte qu’on ne vînt à les découvrir, et qu’elle n’écrivait qu’à sa toilette, n’osant laisser aucun papier dans son secrétaire.