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ensuite à onze heures je vais me coiffer. A midi on appelle la chambre, et là tout le monde peut entrer, ce qui n’est point des communes gens. Je [mets] mon rouge et lave mes mains devant tout le monde ; ensuite les hommes sortent et les dames restent, et je m’habille devant elles. A midi est la messe ; si le Roi est à Versailles, je vais avec lui et mon mari et mes tantes à la messe ; s’il n’y est pas, je vais seule avec M. le Dauphin, mais toujours à la même heure. Après la messe nous dînons à nous deux devant tout le monde, mais cela est fini à une heure et demie, car nous mangeons fort vite tous deux. De là je vais chez M. le Dauphin, et s’il a affaires je reviens chez moi, je lis, j’écris ou je travaille ; car je fais une veste pour le Roi, qui n’avance guère, mais j’espère qu’avec la grâce de Dieu elle sera finie dans quelques années. A trois heures je vais encore chez mes tantes, où le Roi vient à cette heure-là ; à quatre heures l’abbé vient chez moi ; à cinq heures tous les jours le maître de clavecin ou à chanter jusqu’à six heures. A six heures et demie je vais presque toujours chez mes tantes, quand je ne vais point promener ; il faut savoir que mon mari va presque toujours avec moi chez mes tantes. A sept heures on joue jusqu’à neuf heures, mais quand il fait beau je m’en vais promener, et alors il n’y a point de jeu chez moi, mais chez mes tantes. A neuf heures nous soupons, et quand le Roi n’y est point, mes tantes viennent souper chez nous ; mais quand le Roi y est, nous allons après souper chez elles ; nous attendons le Roi, qui vient ordinairement à dix heures trois quarts, mais moi en attendant me place sur un grand canapé et dors jus

    sainteté, le 23 décembre 1787. Mme Sophie était morte le 2 mars 1782 ; Mmes Adélaïde et Victoire émigrèrent en 1791 et moururent en exil à Trieste : Mme Victoire le 8 juin 1799, et Mme Adélaïde le 18 février 1800.