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IV.


À l'Impératrice Marie-Thérèse.
1770, 12 juillet.


Madame ma très chère mère, je ne peux vous exprimer combien j’étais touchée des bontés que Votre Majesté m’y marque, et je lui jure que je n’ai pas encore reçu une de ses chères lettres sans avoir eu les larmes aux yeux de regret d’être séparée d’une aussi tendre et bonne mère ; et, quoique je suis très bien ici, je souhaiterais pourtant ardemment de revenir voir ma chère et très chère famille, au moins pour un instant.

Je suis au désespoir que Votre Majesté n’a pas reçu ma lettre. J’ai cru qu’elle irait par le courrier, mais Mercy a jugé à propos de l’envoyer par Forcheron[1], et c’est, à ce que je m’imagine, ce qui cause le retard. Je trouve que c’est bien triste de devoir attendre mon oncle, mon frère et ma belle-sœur[2], sans savoir quand ils viendront. Je la supplie de me marquer si c’est vrai qu’elle est allée à leur rencontre à Gratz et que l’Empereur[3] est beaucoup maigri de son voyage ; cela pourrait m’inquiéter, n’ayant pas trop de graisse pour cela.

Pour ce qu’elle m’a demandé pour mes dévotions, je

  1. Huissier de la chambre.
  2. Le prince Charles de Lorraine, frère de François Ier, le grand-duc de Toscane Léopold et sa femme. Ce voyage n’eut pas lieu.
  3. Joseph II, frère aîné de Marie-Antoinette, né le 13 mars 1741, élu roi des Romains le 27 mars et couronné le 3 avril 1764, empereur à la mort de son père, le 18 août 1765, mort le 20 février 1790. Il avait épousé successivement Marie-Isabelle, fille du duc de Parme, morte le 27 novembre 1763, et Marie-Josèphe, princesse de Bavière, morte en 1767, Il n’avait d’enfant ni de l’un ni de l’autre de ces mariages.