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l’abbé[1] m’ayant conseillé de le prendre. Je n’ai point douté que vous en serez contente, et le Roi a été aussi content. J’ai oublié de lui[2] dire que j’ai écrit hier la première fois au Roi ; j’en ai eu grande peur, sachant que Mme du Barry les lit toutes ; mais vous pouvez être bien persuadée, ma très chère mère, que je ne ferai jamais de faute ni pour ni contre elle.

Votre Majesté permettra que je lui envoie une lettre pour Naples, dans laquelle j’avertis ma sœur[3] d’envoyer ses lettres par Vienne. J’ai l’honneur d’être, avec la plus respectueuse tendresse,

la plus tendre et soumise fille,
Antoinette[4].

(Autographe signé, Archives impériales d’Autriche. Éd. Arneth, Maria Theresia und Marie Antoinette, 2e édit., p. 9 ; Arneth et Geffroy Marie-Antoinette. Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau, avec les lettres de Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, I, 16.)

    de sa vue, dès 1776, et se retira à Issy, chez les prêtres de Saint-François de Sales ; c’est là qu’il mourut en 1780. Ses papiers sont conservés aujourd’hui au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris. On peut consulter sur l’abbé Maudoux une très intéressante notice de M. Ant. de Lantenay, publiée en 1881 dans la Revue catholique de Bordeaux.

  1. L’abbé de Vermond, né en 1735, était bibliothécaire au collège Mazarin lorsque, sur la demande de Marie-Thérèse et à la recommandation de l’archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, il fut envoyé par Choiseul à Vienne en 1769, pour être l’instituteur de l’archiduchesse Marie-Antoinette, fiancée au Dauphin de France. Il resta ensuite près de la Dauphine et plus tard de la Reine en qualité de lecteur, et eut sur la jeune princesse une véritable influence. Marie-Thérèse et Mercy avaient grande confiance en lui, et, malgré les attaques de Mme Campan dans ses Mémoires, il semble bien que cette confiance était justifiée. L’abbé de Vermond émigra après la prise de la Bastille.
  2. À l’Impératrice. Marie-Antoinette s’adresse souvent à sa mère sous cette forme respectueuse, alternant avec le vous.
  3. Marie-Caroline, sœur aînée de Marie-Antoinette, née le 13août 1752, mariée en 1768 à Ferdinand, roi de Naples, mortele 8 septembre 1814.
  4. M. d’Arneth a donné, à la fin de sa première édition, un fragment de cette lettre, en fac-similé.