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LETTRE DEUXIÈME


qui ébranlent la chambre de leurs beuglements amoureux. Je restai en extase du chatouillement qu’ils m’avaient procuré : j’aurais voulu qu’ils recommençassent, si un bousin sterling qui se faisait entendre dans le comble au-dessus n’eut piqué ma curiosité. Je demandai à la putain ce que c’était, elle me dit : Monte, et tu verras. Il n’en fallut pas davantage pour m’y déterminer ; je grimpai un reste d’escalier construit avec de vieilles échelles : La putain m’y suit et me présente à une chambrée d’hommes et de femmes en état de nature. C’étaient des sourds-muets ; ils hennissaient aussi fortement qu’un cheval, les femmes criaient comme des bacchantes : elles formaient différents groupes. Je me mêlai de la coterie, en donnant six autres francs. Une d’elles marcha à quatre pattes, ayant des bas noirs et une chandelle allumée dans le cul : rien ne serait d’un beau laid comme un animal de cette forme-là. Ne bandant guère encore à cause des fatigues de mon voyage, je me contentai de décharger dans la bouche de la salope qui m’avait présenté, et je me retirai en regardant sur les toits, si je n’apercevais pas par hasard quelques chats qui foutissent aussi.

Tu vois, ma chère amie, que mon début est