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augmenter ſes propriétés avec une rapidité étonnante, parce qu’elle s’adonne à leur culture avec cette ſuite & cet attachement que le pays natal ſeul peut inſpirer ; tandis que les Créols blancs ſont détournés de cette attention par l’éducation qu’ils viennent chercher en Europe, & par les goûts qui les y fixent. Ils abandonnent la culture de leurs biens à des mains étrangères, qui ne s’occupent que faiblement de leurs améliorations, parce qu’ils rapportent tout aux jouiſſances qu’ils veulent ſe ménager en France.

Il eſt donc évident que la néceſſité impoſera la loi, ſous quelques années, d’offrir aux hommes libres de couleur, le droit que les Colons blancs leur refuſent actuellement ; il eſt très-douteux qu’ils veuillent pour lors l’accepter. Ainſi, en bonne politique, la conſervation des Colonies tient à la diſpoſition du Décret du 15 Mai dernier. J’invoque, à cet égard, l’attention de ces vrais propriétaires de nos Colonies : peuvent-ils ſe cacher, qu’aſſervis a un malheureux préjugé, ils bleſſent toutes les loix humaines, ils renoncent aux douceurs & aux avantages d’une Conſtitution libre ; ils préparent à leurs femmes, à leurs enfans, à leur neveux, une guerre certaine, dont les terribles effets ſont incalculables ? Ils s’expoſent eux-