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alarmes ſe répandirent à la ſuite de quelques écrits en faveur des Noirs ; il fallut raſſurer les Colons ſur leur propriété : le Décret du 12 Octobre parut remplir cet objet ; il fut, en conſéquence, adopté. Il eſt certain que pluſieurs Membres de l’Aſſemblée crurent voir dans ce Décret le ſort des hommes libres & non libres de couleur, délégué aux Aſſemblées coloniales, puiſque n’ayant pour toutes raiſons que des préjugés à oppoſer à un acte d’équité, ils ont ſimplement réclamé, dans les diſcuſſions du mois de Mai dernier, l’exécution de ce Décret. Mais l’Aſſemblée Nationale, éclairé ſur l’injuſtice de cette interprétation, & rappellée aux vrais principes par celui du 28 Mars, a conſacré ſa juſtice par ſon Décret du 15 Mai, qui déclare que les gens de couleur, nés de père de mère libres, ſeront admis dans toutes les Aſſemblées paroiſſiales & coloniales futures, s’ils ont d’ailleurs les qualités requiſes.

Je vais examiner maintenant ce Décret ſous les points de vue politique, & je prendrai, pour baſe, la ſituation actuelle de Saint-Domingue.

Perſonne n’a contredit les aſſertions de M. Raimond à la barre de l’Aſſemblée, que les hommes libres de couleur avoient en propriété le quart des biens territoriaux, & le tiers des Eſclaves de Saint-Domingue ; que leur population égaloit celle des