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la propoſer, par les ſuites funeſtes qu’elle pouvait entraîner. Il étoit poſſible que les Gens de couleur libres ne fuſſent pas préparés à jouir des droits qui leur étoient indiqués. Il faut un temps pour la maturité de toutes choſes, même pour l’amour de la liberté. Lorſque Actius offroit ce beau préſent à l’Angleterre, qu’elle a ſu depuis ſi bien apprécier, elle le refuſa. D’un côté, lui diſoient les Anglois, les Barbares nous culbutent dans la mer & de l’autre, la mer nous rejette ſous le fer des Barbares ; ainſi, nous n’avons plus que l’horrible choix de périr par l’épée ou dans les flots. Si Louis  XV en 1771, eût eu la fantaiſie de convoquer les Etats généraux, à la première oppoſition qu’il eût rencontrée, il les auroit diſſous avec la même facilité qu’il a ſupprimé, à cette époque les Parlemens. La Nation auroit conſacré, par ſon immobilité, cet adage d’un vil courtiſan littérateur : si veut le roi, si veut la loi. Mais les choſes ont changé de face ; une lumière générale s’eſt étendue ſur toutes les parties de cet Empire, & a électriſé tous les eſprits. L’Aſſemblée Nationale l’a elle-même préſentée aux Gens de couleur, en accordant, par l’ART. IV de ſes Inſtructions du 28 Mars 1790, les droits de citoyens actifs à toute perſonne contribuable dans les Iſles. N’eſt-il pas évident, ont-ils dit & écrit immédiatement à l’Aſſemblée, que