Page:Lettre de M. Louis Monneron, député des Indes orientales, 1791.djvu/10

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mêmes actuellement à voir leurs Colonies devenir un vaſte déſert ; car il eſt difficile de prévoir où s’arrêtera la fureur des hommes libres de couleur, ſi leur vie, leur liberté, & leur propriété ſont en danger. Qu’ils pèſent ces conſidérations ! Ils chercheront, je n’en doute point, à calmer cette fermentation qui eſt excitée par des perſonnes mal-intentionnées, dans l’eſpoir, qu’en mettant aux priſes la France avec les Colonies, les Colons blancs avec les hommes de couleur, elles retireront quelques avantages de ces déſordres, & retarderont l’achèvement d’une Conſtitution qui fait leur déſeſpoir.

Les papiers publics, les clameurs & les repréſentations des villes de Commerce, affectent de répandre l’alarme. Certainement, ce ſeroit un très grand malheur que la ſciſſion avec nos Colonies ; mais elle n’eſt pas auſſi aiſée que l’on veut bien le faire croire. La France, j’eſpère, n’a pas perdue ſon énergie ! Après avoir épuiſé tous les moyens de conciliation que ſa tendre ſollicitude, pour les Colonies, peut lui inſpirer, ſi elles s’obſtinent à les repouſſer, elle maintiendra, par ſa puiſſance, des droits qu’elle a acquis par des ſacrifices continuels depuis leur établiſſement ; & enfin, ſi elle ſuccomboit dans cette lutte, elle ſe trouveroit,