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son confident, des lettres traitant des affaires du royaume, et les envoya à la ville d’Éleuthropolis, appelée dans la langue syriaque Bethkoubrine[1], pour les présenter au grand et noble Sabinus d’Eustorge[2], qui était l’intendant de la maison de l’empereur et qui gouvernait alors la Syrie, la Phénicie et la Palestine. Le prince, à leur arrivée, les reçut avec joie et les combla d’honneurs ; après les avoir retenus chez lui pendant vingt-cinq jours, il leur remit la réponse des lettres qu’ils lui avaient apportées, et les renvoya au roi Abgar. Ceux-ci, en prenant congé de Sabinus se dirigèrent aussitôt vers le chemin qui menait à Jérusalem ; et ayant remarqué une foule de personnes qui accouraient de loin pour voir Jésus, dont les miracles étaient en vogue dans tout le monde, Marihab, Schamschagram et Anan, les confidents du roi, se joignirent à eux.

Lorsqu’ils entrèrent à Jérusalem, ils virent tout de suite Jésus, et ils confondirent leur extrême joie avec celle de tout le peuple qui était avec eux. Mais ils voyaient aussi les Juifs assemblés par groupes qui délibéraient entre eux contre Jésus ; et ils les voyaient affligés et confus à cause de la multitude des hommes qui croyaient en Jésus. Après avoir demeuré dix jours

    aussi comme son courrier chez Moïse de Khorène : c’est le même titre que lui donne Ruphin, Cursor, le mot syrien scharir signifie aussi secrétaire.

  1. Bethcoubine chez Moïse de Khorène, ville connue déjà par Ptolémée, qui écrit Βαιτογραβρα ou Βαιτγάνργ, Bethagabris en latin, et qui signifie en langue syriaque maison des Géants, peut-être à cause de son voisinage de Gath la patrie de Goliath ; sous les Romains elle prit le nom grec d’Éleuthère ; devenue un village turc elle a repris son ancien nom, puisque on la nomme maintenant Beith-Gébrin.
  2. Moïse de Khorène le nomme Marinus fils de Storgius : on croit que ce Marinus fut Jul. Marinus, d’abord l’ami de l’empereur Tibère ensuite tué par son ordre. On cite dans la même époque le jurisconsulte Sabinus Mausorius. Dans le livre apocryphe de l’Évangile de l’enfance de Jésus qui se trouve en langue syriaque, on appelle Sabina le préfet de la Syrie, qui, selon qu’il y est dit, gouvernait ce pays, même après l’ascension de J.-C.