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fils de Manou, régnait en Mésopotamie de Syrie dans la ville d’Édesse. La trente-deuxième année de son règne[1], le 12 du mois de dré[2], il confia à Marihab[3] et à Schamschagram[4], qui étaient les hommes les plus éminents et les plus distingués de son état, et à Anan[5],

    car à la suite de certaine maladie, il était, dit-on, devenu de cette couleur ; notre histoire confirme ce fait en rapportant qu’il avait contracté la lèpre en Orient.

    L’ancienne chronologie d’Édesse rédigée en langue syrienne fait remonter l’origine de ce royaume avant l’année 136 de l’ère chrétienne, elle en marque la fin en l’an 217 de Jésus-Christ. Je suis donc plus porté à croire qu’Abgar était plutôt roi des Syriens que des Arméniens ; cependant il est probable qu’il était néanmoins neveu de Tigran, et les Romains à cette époque ayant nommé un roi dans la grande Arménie, Abgar se serait retiré en Syrie, et il y aurait régné, ainsi que sur les provinces limitrophes de l’Arménie. C’est pour cela que les Syriens l’avaient nommé Abgar comme tous leurs rois, de même que le nom d’Ouchama qu’ils lui donnaient encore peut lui venir d’Arscham son père.

  1. Le règne d’Abgar commence deux ans avant l’ère vulgaire qui correspond à la seconde année de la naissance de Jésus-Christ.
  2. Dans le courant de cette année le 12 du mois dré du calendrier arménien tombait selon le comput variable le 27 février du calendrier romain ; et selon le calendrier fixe le 2 novembre ; mais ici nos mois arméniens sont combinés avec ceux des Latins et des Syriens ; ainsi le 12 du mois dré correspond au 12 de novembre.
  3. Dans le texte il est écrit Ռաբիչաբ (Rabihab), mais quelques lignes plus bas on trouve écrit plus correctement Մարիչաբ (Mar-Ihab), ce qui est conforme à Moïse de Khorène, qui nous le fait connaître comme prince d’Altzenick, et d’après cette désignation Mar (Seigneur) il est facile de se convaincre qu’il était syrien, et qu’il descendait de Sennacherib, dont les fils avaient reçu en apanage de nos rois Arméniens cette contrée. À la fin de cet ouvrage il est nommé fils de Barchamscha.
  4. Notre historien l’appelle chef de la dynastie des Abahouniens (Ապաչունիք). Cureton lit ce nom Schemachkran, mais Schamchikram parait plus correct, car on trouve mentionné par Strabon un Σαμϕιϰέραμος, prince ou roi des Édessiens, qui vivait à une époque un peu antérieure à celle d’Abgar ; et comme la province où il gouvernait se nommait Apamée, il peut se faire que Moïse de Khorène ait confondu ce dernier nom avec celui de Apahounick de l’Arménie ; car il est peu croyable qu’une province arménienne eût un gouverneur syrien, d’autant plus que le célèbre Bardesane fait mention d’un autre Schamchacram qui était postérieur.
  5. Anan le confident du roi selon notre auteur, est désigné