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d’or et d’argent il enrichissait l’église de Jésus-Christ par des croyants et des saints. Les chefs de tous les hommes et des femmes[1], étaient irréprochables sous le rapport de la sainteté et de la chasteté ; ils vivaient solitaires et passaient joyeusement leurs jours sans souillure, s’appliquant avec ferveur à l’office divin. Ils nourrissaient les pauvres et soulageaient les malades ; leur conduite était exemplaire aux yeux du Seigneur et des humains ; chacun les comblait de louanges, et même les prêtres de Nabou et de Bel ne se lassaient guère de leur témoigner du respect. Leur aspect était imposant, leurs discours francs et empreints de vérité, leurs mœurs pleines de dignité ; ils ne se soumirent jamais au joug de l’avarice : ils échappaient à toute critique, la peur leur était inconnue, et quiconque les voyait de loin courait au devant d’eux pour s’enquérir de leur santé : leur présence répandait la paix sur tous les assistants, et leurs paroles affectueuses prenaient comme dans un filet tous les rebelles. Lorsqu’ils mettaient le pied dans le vestibule du lieu de la sainteté et de la vérité, personne n’osait les éviter ni détourner les yeux, car rien d’insigne ne se voyait sur eux ; de même lorsqu’ils prêchaient les célestes doctrines la joie éclatait sur leurs fronts, et ils accomplissaient avec exactitude ce qu’ils enseignaient aux autres, tellement que les auditeurs en voyant leurs œuvres si bien conformes à ce qu’ils disaient s’inscrivaient au nombre de leurs disciples sans difficulté et sans hésitation, en confessant Jésus-Christ et rendant gloire à Dieu ; ils le remerciaient aussi en s’abandonnant à une joie extrême de ce qu’il les avait ramenés des erreurs de l’idolâtrie à la lumière de l’évangile.

Quelques années après, le roi Abgar mourut[2] et le

  1. On n’est pas sûr si c’est aux personnages les plus distingués parmi les deux sexes ou aux têtes mêmes des personnes qu’on fait ici allusion. Le syrien dit tout l’état, ce qui signifierait selon Cureton le clergé. — Les éloges suivants un peu variés dans le texte syrien, sont probablement d’une rédaction postérieure.
  2. Non pas quelques années mais seulement, après quelques