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jour où l’apôtre le quitta ; et tous les habitants de la ville s’étonnaient fort de son extrême affliction, comme s’il eut accompagné à sa dernière demeure un homme décédé. On accompagna l’apôtre avec de grands honneurs, du respect et de la tristesse[1] ; il prit le chemin de l’Orient pour répandre dans ces contrées l’évangile de Jésus-Christ.

Cependant Addé, son disciple, fut créé le chef, le directeur et l’héritier du siége apostolique de Thaddée et investi du pouvoir de consacrer des prêtres, ce dont il fut honoré devant tout le peuple[2]. Toute la Mésopotamie et toutes les contrées de l’Orient se rangèrent sous l’autorité d’Addé, selon la recommandation de l’apôtre Thaddée[3]. Alors la ville d’Ourha fut érigée en capitale de tous les pays de l’Orient, car c’est là que fut prêché d’abord l’évangile de Jésus-Christ, c’est là aussi que fut bâtie l’église primitive. Les habitants de tout l’Orient recevaient de cette ville leurs évêques, et ils se soumettaient aux ordres émanés d’Addée comme ils s’étaient soumis à l’apôtre Thaddée ; ils respectaient ses paroles et l’écoutaient avec grand plaisir, fidèles aux doctrines du disciple de J.-C.

Il ne recevait de personne de l’or, et les présents des grands n’avaient point accès chez lui, mais au lieu

  1. Tout ceci est arrangé dans le syrien comme il suit : « Il lui fit faire des funérailles avec grande pompe et honneur, comme on en fait pour un personnage primier ; et le mit dans un sarcophage sculpté à la main, là où on avait enseveli les prédécesseurs d’Abgar, les rois de la race d’Arié : c’est là qu’il le reposa avec beaucoup de piété et douleur. Et toute la foule de l’église y allait de temps en temps prier dévotement en célébrant chaque année le jour de sa mort, comme le leur avait prescrit et ordonné l’apôtre Addé lui-même, et selon l’ordonnance d’Aggée ».
  2. Ici encore le texte syrien s’éloigne un peu du nôtre.
  3. Les premiers Canons (apocryphes) des Apôtres dont nous avons une traduction ancienne faite du syriaque, et qui dans l’original sont attribués à Thaddée même, font appartenir à son diocèse Édesse, Nisib, l’Arabie limitrophe à la Mésopotamie, et l’Arménie même selon le texte arménien : tandis que dans le syrien notre pays est donné avec la Perse, la Médie, l’Assyrie et d’autres encore en partage à Addée le disciple de S. Thaddée.