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que dans ces originaux syriens, tandis qu’il est entier dans l’arménien.

Quant à la traduction, il y a très-peu de différences entre la traduction arménienne et les copies syriennes, ou plutôt la traduction anglaise du Dr Cureton, que nous avons collationnée avec la nôtre, à cause de notre ignorance de la langue syriaque. Je veux cependant faire remarquer ici que cette consonnance des deux versions ne continue pas jusqu’au bout ; mais vers la fin de l’histoire elles se séparent, on peut dire, de parti pris ; et tandis que l’une (la syrienne) fait disparaître l’apôtre Thaddée en le faisant mourir, l’autre (l’arménienne) le fait partir d’Édesse vers les pays d’Orient. Cette contradiction et d’autres encore seront citées par nous dans les quelques notes dont nous avons voulu accompagner les deux éditions et du texte arménien et de la traduction française : nous avons aussi ajouté à ce texte quelques appendices tirés d’Eusèbe et de nos anciens historiens.

Quant à la valeur et à l’authenticité de cet ouvrage, pour n’en dire qu’un mot, notre opinion est qu’il est en grande partie rédigé par Laboubnia, archiviste d’Édesse contemporain d’Abgar et des disciples de Notre Sauveur ; mais qu’il a été touché et retouché dans un espace de deux cents ans par d’autres mains quelquefois hardies, qui y ont introduit beaucoup de suppléments, dont nous tiendrons compte dans les annotations ; et que la dernière et principale rédaction a été faite dans la première moitié du troisième siècle. Cependant si d’une part la pureté du style de la traduction arménienne, sa concordance avec l’original syrien, l’ancienneté des manuscrits où a été conservé cet original, ne permettent pas de douter qu’il exi-